Venir au monde

Lors de la fête de Noël, les chrétiens célèbrent une venue au monde, celle de Jésus de Nazareth qu’ils reconnaissent comme le Christ de Dieu. Une grande partie du monde a bien reçu et garde quelque chose de l’événement de Noël, qui est certainement la fête la plus populaire du calendrier. Mais ce qui est fêté n’est pas forcément la bonne nouvelle de la naissance de Jésus. Noël est devenu pour beaucoup une fête de famille, une fête des enfants et une réjouissance portée par le désir ou un rituel de convivialité et de cadeaux, et aussi par des stratégies commerciales autour de « la magie de Noël ».

Cependant, en dépit de l’équivalence couramment pratiquée, une venue au monde ne recouvre pas seulement une naissance.

Jésus de Nazareth est effectivement né, né quelque part, il y a plus de 2000 ans, dans une famille et un milieu dont nous ne savons pas grand-chose même si de multiples traditions ont cherché à combler tant d’ignorances.

Il y a dans l’expression venir au monde la dynamique du verbe venir et l’ampleur du monde. Il ne suffit pas de naître, il s’agit aussi de devenir présent, parlant et agissant dans le monde bien plus vaste qu’un horizon familial ou que le cercle d’un clan quel qu’il soit. Il en a bien été ainsi pour Jésus de Nazareth, qui est venu au monde pour une destinée qui débordait largement le fils d’un charpentier, ce qui n’a pas manqué de lui être reproché selon les évangiles. Les témoignages que ces derniers lui rendent expriment qu’il ne s’est pas cantonné à une inscription familiale, sociale, ethnique ou religieuse, mais il a ouvert le monde, l’amour et la vie à tous. Ainsi le sens de sa naissance n’est pas réduit à lui- même : il est venu au monde, dans le monde, vers le monde, pour le monde, et cette advenue a transformé et transforme encore l’existence de celles et ceux qui le reconnaissent comme le Christ. Ils et elles viennent au monde, également, en plus que d’être nés, après être nés. Ils viennent au monde, quotidiennement, délibérément, encouragés par sa venue qui ne cesse, en eux et à travers eux, de rendre actuels la grâce et les dons de Dieu.

C’est pourquoi nous célébrons Noël, non comme un vénérable anniversaire, mais comme un élan et une promesse, une conviction et une confiance : cet enfant né il y a bien longtemps dans un bien lointain pays, enfant dont Luc et Matthieu symbolisent le récit de la conception et de la naissance déjà comme venue qui ébranle le monde, portait en lui une puissance de vie et d’être aujourd’hui toujours offerte.

Dominique HERNANDEZ

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