Un temps de transition, et de relecture

Après celui du confinement, nous voici entrés dans un temps nouveau. C’est un temps de transition après l’interruption brutale et radicale de la plus grande partie des rythmes habituels de la société, des familles, de l’Église. Dans ce temps qui peut durer, qui est teinté d’espoir et de vigilance, qui est imprégné d’impatience et d’angoisse, dans cette période à la fois en détente et en tension, bien des prédictions sont émises sur ce qui adviendra, bien des souhaits sont exprimés par les uns et les autres. C’est que d’une part la crise sanitaire a fait apparaître de manière encore plus accentuée les profondes inégalités qui fracturent nos sociétés, et que d’autre part, elle a manifesté la fragilité et les limites de la condition humaine : risques, maladie, mort, deuil ont fait irruption dans le quotidien.

Pour les Églises aussi cette période est celle d’une transition. Les lieux de cultes fermés et les rencontres interdites ont obligé les paroisses, paroissiens, pasteurs et prêtres à mettre en place de nouvelles manières de rester en lien et de manifester la communion. La diversité de ce qui a été mis en place, témoignages d’énergie et de fraternité est réjouissante ! Et elle a donné et donne encore à réfléchir sur ce que sont la communion, le lien fraternel, les signes, les pratiques, les sens, les différences. Les débats en sont stimulés, renouvelés et cela est plein de promesses.

Le temps de transition est celui d’une re-découverte, d’une attention renouvelée et aussi le temps d’expérimentations entre adaptations et innovations avec peut-être des tâtonnements, le temps d’une souplesse vis-à-vis des formes traditionnelles et d’une ouverture à des interrogations inédites. Et c’est le temps d’une relecture nourrie de l’apprentissage récent et de l’effervescence présente, relecture du passé proche et du plus lointain, de la société et de l’Église, des projets et des perspectives. Relecture des convictions, des engagements et de leurs évolutions.

Et pour favoriser tout ce qui précède, relecture de la Bible dont les textes portent inlassablement un questionnement et un éclairage sur la justice, les limites, la violence, l’humanité, sur les rapports au pouvoir, à autrui, à la terre. Là émerge la Parole de Dieu, celle qui est créatrice et transformatrice, celle qui, par l’Esprit donné, libère des idolâtries et des peurs, libère la confiance, la possibilité d’aimer et la créativité dans la fidélité. C’est ainsi qu’un temps de transition, dont nous ne savons pas à quoi il mènera, peut devenir une occasion favorable pour soi et pour d’autres, au Foyer de l’âme et ailleurs.

Dominique HERNANDEZ

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