Se sentir bien
La charte du Foyer de l’Âme décrit le temple comme un lieu chaleureux, lumineux, simple et habité d’une musique qui réjouit et élève les âmes, un lieu dans lequel chacun, chacune peut se sentir à son aise.
Il s’agit là de rendre compte de ce que les paroissiens interrogés lors de l’étude interne réalisée il y a 3 ans ont exprimé d’une manière quasi-unanime : je m’y sens bien. La lumière, le bois, la douceur des couleurs, les plantes vertes, les galeries légères, le volume sous la verrière concourent à ce sentiment à la fois saisissant et profond dont font part beaucoup, tant habitués du lieu que passants curieux de le découvrir.
Se sentir bien ne se contente pourtant pas d’une impression, d’un sentiment. L’expérience invite à la penser, à la traduire, et même à l’interpréter ; la charte du Foyer de l’Âme en donne quelques éléments, chacun peut poursuivre, élargir, approfondir à sa manière. Se sentir bien relève d’un bien-être, expression d’une extrême densité rassemblant un adverbe et un verbe que la théologie ne cesse de déployer et d’articuler à l’existence.
Se sentir dépasse le cadre des sens puisqu’il retentit dans la conscience d’être. Quelqu’un se sent bien, éprouve un bien-être, et c’est en tant que personne singulière, même si d’autres ressentent la même chose. Cette personne est ainsi rendue présente en ce lieu, en ce moment, entre le parquet et la verrière, et cette présence est toujours d’abord présence à soi, d’autant plus que les éléments symboliques ne sont pas écrasants par leur nombre ou leur aspect, que le surplomb de l’orgue n’occupe pas toute la place, que le volume est important sans être immense. Je suis là… à la différence de tous les lieux où l’on ne veut pas être, d’où l’on s’échappe par la pensée et l’esprit ; je suis bien… j’ai une place ici, je suis autorisé(e)… la simplicité du temple traduit l’absence de condition d’entrée et un minimum de codes.
Car le lieu veut traduire l’esprit qui anime celles et ceux qui s’y rassemblent.
C’est alors que se sentir bien touche à sa profondeur, son accomplissement, qui est d’être avec d’autres, en relation. Se sentir bien n’est pas une disposition intérieure qui replie la personne sur elle- même, au contraire, c’est une énergie pour aller vers autrui. Se sentir bien est une expérience qui oriente, ré- oriente l’être dans son être humain en relation et en solidarité, ce qui est véritablement l’humanité selon sa vocation en Christ.
Dominique HERNANDEZ