L’universel de l’humain
Le danger qui menace tout être humain, c’est de se restreindre à un groupe, même lorsqu’on fait partie de ce groupe, que ce soit une nation, une religion, une famille. Il y a un grand large au-delà de ce que nous connaissons, voyons, apprécions. Ce grand large est l’espace de l’humanité dont chaque membre est inconditionnellement appelé à la vie vivante.
Notre mesure d’humain se tient au-delà de notre origine, de nos particularités et de nos choix.
Les Écritures en témoignent en faisant de l’Égypte, maison de la servitude, un lieu d’accueil, de vie et de salut pour Joseph, ses frères et son père au temps de la famine, pour Moïse en ses premières années en dépit de la rage de Pharaon envers les Israélites, pour l’enfant Jésus, Joseph et Marie au temps du roi Hérode. Aussi en inscrivant Job hors des frontières ethniques d’un peuple, en reprenant des sagesses et des récits d’autres cultures et religions.
Les évangiles de Matthieu et de Luc en rendent compte en envoyant les disciples du Christ vers toutes les nations.
Paul le proclame aux Galates : en Christ, il n’y a plus ni juif ni grec.
Le protestantisme l’affirme en reconnaissant qu’il est un des visages de l’Église du Christ : il y en a d’autres.
Ainsi quel que soit le côté de n’importe quelle frontière où un enfant est tué, c’est toujours un enfant, qui a la même valeur que n’importe quel autre enfant.
Lorsqu’une femme est violée, quelle que soit sa nationalité ou sa religion, c’est le même outrage et la même humiliation. Lorsqu’un homme est torturé, quelles que soient les motivations de ses bourreaux, c’est l’humanité qui est brisée.
Lorsque l’identité d’une personne ou d’un groupe devient sa condamnation par une autre personne, un autre groupe, toute l’humanité est mise à mal. Lorsque les particularismes étouffent la conscience et le choix de l’universel, c’est la liberté qui disparaît. Car pouvoir reconnaître en l’autre un prochain, frère ou sœur d’humanité, c’est justement cela la liberté.
Il n’y a pas de plus ou de moins dans l’universalité de la grâce de Dieu.
Et là se tient la source de la compassion envers toutes celles et ceux qui, en ces temps, sont broyés par les rouages de toutes les haines.
Dominique HERNANDEZ