Les concerts du mois – Novembre 2019
Les Cantates
Dimanche 3 novembre – 17h30
Cantate BWV 137
« Lobe den Herren, den mächtigen König der Ehren »
Coordination artistique Freddy Eichelberger
La cantate Lobe den Herren, den mächtigen König der Ehren reste un petit mystère : on sait qu’elle fut donnée par Bach à Leipzig le 19 août 1725 mais ce dimanche, bien ordinaire, le douzième après la Trinité, ne justifiait pas un tel déploiement avec trompettes et timbales. Et comme le livret ne présente aucun lien avec les textes liturgiques du jour, les musicologues sont circonspects.
Il s’agit d’une cantate-choral, bâtie donc sur un hymne luthérien ancien. Les cinq strophes forment les cinq parties de l’œuvre. Face à des cantiques plus développés, Bach eut souvent recours à la paraphrase, traversant le texte original à sa guise, mais le cas présent est bien particulier. Ce cantique de louanges publié en 1680 est conçu comme une litanie, ses strophes suivent toutes le même schéma : injonction hypnotique (Loue le Seigneur !), énoncé des bienfaits divins et méditation qui doit chaque fois affermir la foi du croyant.
Aucune démonstration, aucune évolution du sombre au lumineux qui aiderait le compositeur à dessiner un chemin harmonique dans sa musique. C’est bien plutôt sur la répétition que Bach a travaillé. Il choisit de la contrarier ou plutôt de l’élargir : la cantate est une musique adressée à l’assemblée des fidèles réunis pour l’office dominical et les configurations sonores très différentes adoptées sont là comme pour signifier qu’en toutes circonstances et pour chacun cette prière est de rigueur.
Cette grande diversification est équilibrée par une constante : le thème du choral. La mélodie populaire sur laquelle traditionnellement on entonne ce cantique apparait comme une signature, comme une racine, dans chaque intervention.
La première et la dernière ont un statut un peu particulier, bien sûr. La cantate s’ouvre sur un grand chœur fugué qui réunit tous les interprètes et ce sont les sopranos qui énoncent chaque fois la musique originale du choral, enchâssée dans un contrepoint surexcité – plein de ferveur, en termes plus religieux.
Contraste immédiat avec un air d’alto très intérieur, qui reprend la mélodie du choral de façon légèrement transformée, accompagné du violon solo en guirlande infinie. Puis dans un petit virage harmonique, la musique tourne au mineur et devient plus complexe. On passe de la soie aux épines. Un double duo (deux hautbois et deux voix) progresse entre détresse humaine et grâce divine, délicat équilibre de forces opposées. On perd le choral de vue.
Dernière intervention soliste, le ténor rapporte la certitude dans sa mélodie. Le violoncelle de la basse continue déverse l’amour divin en flots généreux comme l’indique le texte. On est encore en mineur mais la trompette vient faire resurgir et rayonner le choral -et avec lui le mode majeur- au-dessus du chant.
Bach a positionné là ce traitement pour préparer comme avec un teaser l’évènement final : le choral original, intact, qui vient resplendir en conclusion, dans une harmonie très dense réunissant à nouveau tous les musiciens.
Christian Leblé
La présentation complète de chaque cantate jouée dans ce cycle au temple du Foyer de l’Âme est accessible sur le site Les Cantates
Vendredi 15 novembre – 20h
Concert J.S. Bach
Sonates pour violon et clavier
Odile Edouard et Freddy Eichelberger