Les concerts du mois – Mars 2024
Les Cantates
Dimanche 3 mars
à 17h30
Cantate BWV 59
“Wer mich liebet, der wird mein Wort halten”
coordination artistique Freddy Eichelberger
La cantate Wer mich liebet, der wird mein Wort halten fut composée par Bach pour le dimanche de Pentecôte.
Cette fête, cinquante jours après Pâques, célèbre l’Esprit Saint descendu sur les disciples du Christ.
Avec lui se complète la Trinité, triple existence divine essentielle de la religion chrétienne. La Pentecôte en est donc une des fêtes cardinales.
L’auditeur qui jauge la taille de cette cantate se sent floué. Quatre interventions, deux voix solistes seulement, pas de chœur d’ouverture ?
Vous parlez d’une grande fête !
Les musicologues pensent aujourd’hui que Bach joua cette cantate à Leipzig en mai 1723, entre l’annonce de sa nomination comme directeur musical de la ville et sa véritable prise de fonctions, quelques semaines plus tard.
Respecta-t-il une certaine réserve ? Y aurait-il improvisation dans cette envie de créer sans attendre ? Pas d’explication.
L’ouverture prend donc la forme d’un duo en grande pompe. C’est Dieu et l’âme humaine, main dans la main. Les instruments frappent trois coups, auxquels s’arrimeront les premières syllabes du chant, avant que les deux lignes vocales s’enroulent l’une autour de l’autre, l’âme venant invariablement abonder aux paroles divines.
Ce duo initial s’appuie sur l’évangile du jour, le récit que l’apôtre Jean fait des adieux du Christ avant son arrestation (Jean 14, 23-31). Bach a choisi son livret dans les œuvres d’un poète et théologien contemporain, Erdmann Neumeister (1671-1756), qui s’employa à concevoir des cycles entiers de textes pouvant servir aux lectures spirituelles au fil de l’année liturgique.
En un fervent récitatif, l’âme humaine commente ensuite les paroles de l’apôtre. La voix s’envole sur les derniers mots : il faut aimer Dieu comme il aime les hommes.
Le librettiste a placé ensuite une citation de Luther, traduction allemande du Veni, Sancte Spiritus latin. Bach le traite comme un choral à quatre voix, avec la mélodie associée à cette prière depuis déjà le XVIe siècle.
Un air de basse d’une merveilleuse félicité vient couronner cette cantate. Il déploie la promesse d’une vie éternelle, après la mort, auprès de Dieu. Son effet tient au violon solo perché dans les hauteurs, libre comme une hirondelle. On semble lire dans les pensées du chrétien, à la voix belle et émue, et voir avec lui l’image projetée de son âme sauvée.
La musique s’arrête là. Le livret de Neumeister comporte encore trois numéros. On ignore si Bach les utilisa, ne serait-ce qu’un seul puisque venait ensuite un autre cantique.
Nous concluons aujourd’hui avec le choral final d’une autre cantate (BWV 74), que Bach composa deux ans plus tard, toujours pour la Pentecôte, au titre identique, mais cette fois avec quatre solistes, un grand chœur, trois hautbois et trois trompettes !
Christian Leblé
Les Cantates