Les concerts du mois – Mai 2018
L’intégrale des cantates de Bach
Le dimanche 6 mai à 17h30
Cantate BWV 172 « Erschallet, ihr Lieder »
Coordination artistique Freddy Eichelberger
Une occasion d’écouter des pièces d’orgue de la Réforme :
Conférence le 16 mai à 20h
La Réforme en France,
les raisons du succès
Dans la suite de « l’année Luther »,
conférence à deux voix au Foyer de l’Âme,
Vincens HUBAC et Bernard COTTRET.
La conférence sera illustrée par des pièces de la Réforme,
avec Paul GOUSSOT à l’orgue du Foyer de l’âme.
Présentation de la cantate BWV 172
La cantate Erschallet, ihr Lieder, Erklinget, ihr Saiten! fut composée en 1714, quand Bach était maître de musique à la cour de Weimar. C’est une de ses toutes premières cantates. Il l’emporta avec lui et la rejoua plusieurs fois à Leipzig.
L’œuvre est lumineuse. On pensera aux cantates de Noël, sans surprise : Pentecôte est la conclusion du séjour terrestre du Christ et l’Esprit saint prend le relai, descendant dans l’âme des chrétiens.
Paradoxalement (en apparence) la plupart des thèmes -dans les chœurs, chez les solistes- sont des phrases descendantes, souvent figure de tristesse, mais qui ici symbolisent cette installation de l’Esprit saint en chacun, exceptionnellement réconfortante !
Le premier chœur est donc chaleureusement escorté par les trompettes et les timbales. Texte d’un seul bloc mais que Bach scinde en deux : une première exclamation puis une fugue dessinant l’attente fervente des croyants.
Suit un récitatif qui reprend les mots du Christ dans l’Evangile selon Saint Jean, annonçant l’évènement et sa signification. Il est confié à la basse, tessiture toujours utilisée pour incarner le Christ. Il se conclut arioso, quasi lyrique (…sur une phrase descendante !).
L’air qui arrive est très surprenant. Uniquement accompagné par le continuo et les trompettes (très virtuoses), la basse revient à une élocution «de parade». En utilisant la même tessiture, Bach prolonge en quelque sorte la présence divine dans la musique, tout en donnant à l’air un caractère de prière.
On peut voir dans ces trois premières interventions une sorte de grande porte ornée de motifs différents, que franchit l’auditeur pour pénétrer ensuite dans une zone plus intime.
Bach va nous faire vivre par le son cette entrée de l’Esprit saint dans l’âme humaine.
Les cordes et la voix du ténor ne font qu’un. En arabesques fascinantes et souples, ils sont à la fois le phénomène et le ressenti. Etonnant tableau.
Cette union est célébrée par un duo d’amour alto-soprano, à la manière du Cantique des cantiques. L’âme (soprano) est tout élan vers l’Esprit (alto) qui la réconforte. Bach réussit génialement à distinguer ces deux lignes vocales : l’humanité faite d’une impatiente émotion d’un côté, et la stabilité monocorde d’un autre monde.
Un souffle court toujours dans la musique.
C’est l’orgue, cette fois, qui joue un choral emblématique : Komm Heiliger Geist, adaptation allemande de l’hymne romain Veni sancte spiritus (Viens, Esprit saint), évoqué au début du concert à l’orgue et aux voix. Les ornements sur la musique produisent un frémissement de feuilles dans le vent.
La cantate s’achève en deux temps, d’abord un choral synthétise le message liturgique, puis le chœur initial réapparait, porche glorieux qu’on franchit en sens inverse.
Le choral est le célèbre Wie schön leuchtet der Morgenstern (comme elle luit, l’étoile du matin), utilisé par Bach lors des grands évènements annonciateurs.
Christian Leblé
La présentation complète de chaque cantate jouée dans ce cycle au temple du Foyer de l’Âme est accessible sur le site Les Cantates