Les concerts du mois – Janvier 2022
Les Cantates
Dimanche 2 janvier – 17h30
Cantate BWV 178
« Wo Gott der Herr nicht bei uns hält «
Coordination Aude Leriche
La cantate Wo Gott der Herr nicht bei uns hält a été composée en juillet 1724, dans le second cycle annuel complet de cantates que Bach réalisa à Leipzig. Il fit dans cette année liturgique la part belle aux cantates dont l’épine dorsale est un cantique luthérien.
Ces cantiques au texte souvent touffu, Bach en contractait volontiers certaines parties dans d’habiles paraphrases, ce qui lui offrait des approches musicales variées. Et la mélodie du cantique rodait à la manière d’un leitmotiv : brandie par un instrument à vent, glissée dans une phrase de chant, tissée dans un chœur…
Ici, l’approche est plus radicale. Six des huit strophes originales du cantique sont citées sans presque rien changer. Bach ne compose véritablement que deux des sept numéros de la cantate. Du jamais vu…
Pourquoi ? Peut-être parce que ce cantique du Réformateur Justus Jonas (1494-1555) est une paraphrase du Psaume 124, et qu’il prend ainsi valeur de texte sacré…
Comme les lectures bibliques associées à ce huitième dimanche après la Trinité (Matthieu 7, 15-23), ce psaume évoque les ennemis qui s’acharnent sur le croyant et l’aide indispensable de Dieu. Un sentiment de conflit, celui des idées et des convictions, domine toute cette cantate.
Le premier chœur et à la fois souple et tendu. Souple parce que le chant n’y est pas compact, il revient par période, phrase après phrase, rappelant les paroissiens chantant à l’office. Tendu parce que les espaces laissées libres sont remplis par une musique qui tombe en pluie drue. Du croyant et de ses ennemis, qui se montrera le plus déterminé ?
Bach a l’idée étonnante -et encore une fois rarissime dans les cantates- de prolonger l’utilisation du matériau choral après ce premier chœur. Simplement il resserre son spectre : il ne reste que la voix d’alto. Une seule ligne musicale et d’étranges ajouts qui viennent s’introduire dans le texte original du cantique pour le préciser. Bach invente pour ainsi dire un équivalent musical au pasteur qui commenterait la Bible pendant l’office.
Le choral se promenait à son rythme de paroissien, et comme il s’achève sur l’évocation d’une mer agitée à travers laquelle Dieu guide les croyants, Bach allume le projecteur : vous voulez des creux, vous allez en avoir ! Lâchant un moment son choral, il crée une tempête. L’orchestre roule et bat. On est jeté par terre. La basse, solide évocation divine, est sur le pont : elle pointe les dangers et garde le cap.
Retour au choral. A nu ou presque, énoncé par la voix de ténor. Les hautbois apportent leur morsure de tristesse. La basse continue lâche obstinément un motif qui plonge. Le choral qui devrait être pilier solide semble prêt à s’effondrer. Le chemin de la foi est étroit pour le croyant.
Mais le motif de la basse continue se renverse : il grimpe. Les quatre voix se jettent dans la bagarre et le choral reprend soudain des couleurs… Bach retrouve son principe des petits inserts dans le texte, cette fois pour surenchérir. La victoire divine semble proche -mais le cantique n’est pas fini.
Comme pour l’air de basse, Bach confie maintenant au ténor un texte remanié, gage de liberté dans l’écriture musicale. C’est ici que le Rationalisme, l’ennemi n°1, est nommé, fugitivement, dans un cri d’exaspération : « Tais-toi ! »…
Le choral original disait sobrement : la porte de la grâce reste toujours ouverte et cela, la Raison ne peut le cerner. Bach et son librettiste ont opté pour une mise en scène plus… expressive.
Les deux dernières strophes du choral dans une version harmonisée à quatre voix viennent conclure ce tortueux chemin. Une dernière phrase « laisse le monde gronder » referme la porte sur cette cantate étrange, presque paniquée. La querelle des idées déjà présente deux siècles avant Bach, quand le cantique fut écrit par le réformateur Justus Jonas, n’avait pas faibli.
Christian Leblé
Les Cantates.org
Concert de soutien en faveur des femmes afghanes
Samedi 22 janvier – 18h
Concert de musique de chambre
« Rose des vents«
accompagné de lecture d’extraits
du livre de Zarifa Adiba, « L’indomptable »
En collaboration avec l’association La terrasse des audiences,
le collectif Amos, composé de musiciens et comédien professionnels
Ce concert, sur le thème du voyage, proposera des œuvres de musique de chambre, du solo au dixtuor, couvrant la période du 12ème au 21ème siècles.
Des extraits du livre de Zarifa Adiba, « L’indomptable », seront lus au court de la soirée. Porteuse de l’histoire complexe de son pays, l’Afghanistan, et passionnée de musique, il nous a paru judicieux de lui offrir une place parmi nous.
Les dons seront reversés au bénéfice de l’association AFRANE, Amitié franco-afghane, active depuis plus de quarante ans en Afghanistan pour la scolarisation des jeunes filles, la formation des professeurs et la construction d’établissements scolaires.