Les concerts du mois – Janvier 2020
Les Cantates
Dimanche 5 janvier – 17h30
Cantate BWV 51 « Jauchzet Gott in allen Landen »
Coordination artistique Myriam Arbouz
La cantate Jauchzet Gott in allen Landen ! laisse ses premières traces à Leipzig le 17 septembre 1730. On ignore s’il s’agit véritablement de sa première exécution. Et s’il s’agit déjà d’une reprise, on ignore qui d’un soprano enfant, d’une femme ou d’un castrat en fut le tout premier interprète.
Sa genèse reste mystérieuse. Elle ne présente aucun lien liturgique avec la période de l’année où elle fut jouée à Leipzig. Bach l’a d’ailleurs expressément mentionné sur sa partition : c’est une cantate « pour tous les temps ».
De fait, pas d’articulation rhétorique, pas de doute, pas d’ombre, ni question ni réponse, pas de réflexion autour d’une citation des évangiles. C’est une louange à Dieu, du premier au dernier mot, l’expression d’une foi solide, confiante, vive, rayonnante. Et en do majeur presque d’un bout à l’autre.
Il est intrigant de se demander ce qui de l’idée ou des moyens détermina Bach : faire le choix d’une voix unique pour traduire l’évidence de la foi ou faire le choix de ce thème pour profiter d’un·e interprète exceptionnel·le…
Voici en tout cas l’une des cantates les plus fameuses de sa production !
Pas de chœur d’introduction, soit. Pour lancer la cantate, Bach imagine un numéro auquel prendra part le public : la soprano s’adresse à son auditoire et l’invite à chanter avec elle la gloire de Dieu. Cette ouverture brillante, dynamique, soulignée par la glorieuse trompette divine, évoque un concerto italien par son effervescence et sa virtuosité.
La cantate ne cessera de se métamorphoser (c’est la seule forme de « diversité » qu’elle présente).
La musique était mouvement et énergie, elle devient infini et suspension. Le texte s’incarne. Nous voici dans un temple, la grandeur de Dieu est intimidante, le croyant bredouille sa modeste louange. Les cordes accompagnent d’abord la chanteuse, comme pour l’envelopper d’un son de cathédrale, puis la voix s’avance seule et humble.
Sa « pauvre louange », la voici maintenant. Elle prend la forme d’une berceuse naïve, suggérant la tendresse et la fidélité du Dieu paternel. Puis la musique se transforme encore, elle devient traduction élaborée de ce sentiment reconnaissant : un hymne ancien, une chanson spirituelle du milieu du XVIe siècle, Nun lob, meine Seele, den Herren (Maintenant, mon âme, loue le Seigneur, dérivé du Psaume 103) que reprirent d’une façon ou d’une autre Schütz, Schein, Pachelbel, Buxtehüde, tous les grands compositeurs baroques allemands. La musique s’anime, elle retourne dans le monde, redevient collective (le choral est LE chant des paroissiens par excellence). Puis elle s’accélère en une dernière ivresse : un Alleluia ! très vif dans lequel réapparaît la trompette virtuose, se risquant au plus haut de sa tessiture, tout comme la soprano. Cette bravoure, ô combien périlleuse pour les interprètes, vient coiffer d’un sentiment de confiance invulnérable cette grande invitation à se réjouir en Dieu.
Le concert du mercredi
Mercredi 22 janvier – 20h
Concert d’orgue
par Frédéric Rivoal