Les concerts du mois – Février 2024
Les Cantates
Dimanche 4 février
à 17h30
Cantate BWV 148
« Bringet dem Herrn Ehre seines Namens »
coordination artistique Cibeles Bullon Muñoz
La cantate Bringet dem Herren Ehre seines Namens BWV 148 fut composée par Bach à Leipzig, pour le dix-septième dimanche après la Trinité, en septembre. Les musicologues situent l’exécution en 1723 ou 1725, peu après son installation dans la ville, donc. Le texte, en effet, est inspiré du poète Picander qui sera là l’un de ses amis et le fréquent librettiste de ses cantates mais aussi de la Passion selon Saint Matthieu ou de l’Oratorio de Pâques que nous jouerons en avril prochain.
La cantate découle toute entière de l’interpellation initiale, les paroles du premier chœur puisée dans les Psaumes (Ps 29,2) qui appellent à glorifier et adorer Dieu. Elle l’amplifie, la nuance, l’argumente, la personnalise au fil des interventions.
Le chœur ressemble beaucoup à celui de la cantate entendue le mois dernier, avec un instrument très lumineux qui emmène tout l’effectif -ici une trompette, un cor dans le cas précédent. Le texte est d’abord affirmé d’un bloc avec juste ce qu’il faut d’enluminures pour lui préserver clarté, compréhension et force. Il revient ensuite en deux sections enchaînées, les voix entrant chaque fois en cascade, pour des vocalises prolifiques et ferventes. Le chœur se conclut sur un dernier énoncé du texte, moins fugué, les voix et l’orchestre plus concertants.
Dans la plupart des cantates, les interventions vont souvent par paires, un récitatif préparant un air plus lyrique. Bach bouleverse ici cet ordonnancement : il prolonge le chœur par un air. En fait, on dirait un modèle réduit. Comme pour le chœur, un instrument soliste accompagne le chant. Mais c’est un violon, avec une seule voix. On est passé de l’universel à l’intimité. Le ténor parle à la première personne. Les instruments font délicatement écho à sa fébrilité enthousiaste.
Le cœur de la cantate reconstitue la paire récitatif-air, dans une unité sereine : même voix, même tonalité pour les deux interventions. Sur de longues tenues des cordes, qui sont la promesse de l’éternité, on est frappé par une image irrésistible, elle aussi tirée des Psaumes (Ps 42, 2) : celle de l’homme en quête de la parole divine comme le cerf -noble animal- cherche l’eau qui lui est vitale.
L’air traduit cette image à merveille. Le choix des instruments « de chasse » nous ramène au cerf et le flux de ces trois hautbois figure le flot des bienfaits divins qui se déversent dans le cœur du croyant.
Un dernier récitatif, ultime prière à la première personne, sert de tremplin au choral final, retour à l’universel. Le chœur et tous les instruments s’unissent pour la dernière strophe d’Auf meinem lieben Gott, dont la musique et le texte avaient déjà plus d’un siècle quand Bach composa cette cantate.
Christian Leblé
Les Cantates