Le concert du mois – Février 2021
Les Cantates ont suspendu leur cycle depuis avril dernier et ne peuvent pas encore reprendre leurs concerts au sein du temple pour l’instant. Nous vous tiendrons bien sûr au courant en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.
En attendant que nous puissions reprendre les concerts en présentiel au Foyer de l’Âme, voici un concert virtuel avec un écho de celui donné le 3 février 2002. Il s’agit de la Cantate BWV 18 « Gleichwie der Regen und Schnee vom Himmel fällt ».
Vous trouverez également en PDF le programme complet de la cantate.
Bonne écoute !
Les Cantates
Dimanche 3 février 2002
Cantate BWV 18
“Gleichwie der Regen und Schnee vom Himmel fällt”
Avec l’aimable autorisation des musiciens
Les Reprises de la Bastille
Salomé Haller – soprano
Pierre Sciama – alto
Jean-François Novelli – ténor
Stephan MacLeod – basse
Claire Michon, Denis Chevalier – flûtes à bec
Céline Cavagnac, Lucia Peralta – violons
Diane Schmela, Raymond Glatard – altos
Nicolas Pouiyanne – basson
Elena Andreyev – violoncelle
Thomas de Pierrefeu – contrebasse
Laurent Stewart – clavecin
Freddy Eichelberger – orgue
La cantate « Gleichwie der Regen und Schnee vom Himmel fällt » fut composée pendant le séjour de Bach à Weimar (1708-1717), à la cour du Duc de Saxe. On ignore l’année exacte, probablement 1713 ou 1714, c’est à dire au moment où Bach, jusque là organiste de la Cour, reçut la charge de diriger l’orchestre et d’exécuter une cantate chaque semaine. Sa place dans l’année liturgique, elle, est certaine, il s’agit du dimanche de Sexagésime, soixante jours avant Pâques, dont l’évangile, Luc VIII 4-15, est la parabole du semeur.
Bach a utilisé le texte d’une cantate élaborée pour cette occasion quelques années plus tôt par un autre compositeur, Erdmann Neumeister, pour la cour d’Eisenach. Bach réutilisa cette cantate en 1724 à Leipzig, ajoutant deux flûtes pour rehausser les quatre altos qui jouaient seuls à Weimar.
La cantate possède une forme très originale, ramassée, centrée sur une scène dramatique qui juxtapose plusieurs types de textes (bibliques ou non), des récitatifs (avec et sans accompagnement d’orchestre), des interventions chorales et rompt avec l’habituelle succession de récitatifs et d’airs.
La cantate s’ouvre sur une sinfonia (pièce instrumentale), un paysage calme sous la neige ou la pluie dont la chute est imitée aux instruments. La citation biblique (Isaie IV, 10-11) correspondante apparait dans le récitatif suivant, chanté par la basse et accompagné par le basson et le continuo. L’idée religieuse génératrice de la cantate n’est donc pas ici « lancée » par un chœur comme c’est le plus fréquent, ou par un air, mais par cette succession originale d’une ouverture instrumentale très développée puis d’un bref récitatif.
La partie centrale de la cantate cite des textes de Luther, l’épitre aux Corinthiens et contraste avec le paysage calme qui précédait. A quatre reprises, le mouvement est relancé : récitatif chanté par le ténor ou – pour la dernière partie – la basse, accompagné par le petit orchestre, puis une phrase de litanie chantée par la soprano et à laquelle répond le chœur des quatre voix. Les récitatifs sont tourmentés, Bach écrit même là une de ses plus longues vocalises, trois mesures entières sur le mot Verfolgung (harcèlement).
L’unique air de cette cantate renoue avec la paix et les certitudes. Les instruments jouent une seule et même ligne mélodique. Mais le texte animé montre un croyant bien déterminé. Dans le choral final, les quatre altos et le basson doublent les voix, les flûtes énoncent la mélodie à l’octave supérieure.
Christian Leblé