Le concert du mois – Décembre 2020
Les Cantates ont suspendu leur cycle depuis avril dernier.
Les concerts auraient dû normalement reprendre aujourd’hui en ce 1er dimanche de l’Avent. Nous vous tiendrons au courant en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.
En attendant et pour l’occasion, voici un écho du concert donné le 2 décembre 2007 avec non moins de 2 sonates et 2 cantates de Buxtehude !
Vous trouverez également en PDF le programme complet de la cantate.
Bonne écoute !
Les Cantates
Dimanche 2 décembre 2007
Sonate BuxWV 262
en do mineur pour violon, viole et basse continue
Cantate BuxWV 109
“ Wie soll ich dich empfangen ? ”
Sonate BuxWV 272
en la mineur pour violon, viole et basse continue
Cantate BuxWV 66
“ Kommst du, kommst du, Licht der Heiden ? ”
Avec l’aimable autorisation des musiciens
Salomé Haller, Céline Scheen – sopranos
Guillaume Olry – basse
Benjamin Chénier, Marie Rouquié – violons
Sylvie Moquet, Christine Plubeau – violes
Françoise Enock – violone et colachon
Mélanie Flahaut – basson
Elisabeth Geiger – clavecin
Freddy Eichelberger – orgue, coordination artistique
Au XVII e siècle, Lübeck était une cité prospère, même si la découverte de l’Amérique établissait progressivement une nouvelle carte des échanges. Posée entre Hambourg et Berlin, c’était à l’époque une cité radicale-luthérienne, on avait fichu dehors les juifs, les catholiques et les calvinistes… Buxtehude s’y établit en 1668 et y vécut jusqu’à sa mort en 1707.
Les cantates de Buxtehude ne peuvent qu’annoncer celles de Bach. Elles sont plus concises, moins expressives. On n’y trouve pas de récitatif pour préparer un air, pas de grand développement fugué pour le chœur. C’est un chant, Bach en fera un théâtre.
On ne connaît pas la date exacte de composition des deux cantates interprétées aujourd’hui, mais elles sont clairement destinées à l’Avent.
Kommst du, Licht der Heiden est un poème spirituel d’Ernst Christoph Homburg, un contemporain de Buxtehude installé plus au sud, en Saxe. Le texte
fut d’abord associé à une mélodie populaire, avant que Buxtehude ne l’harmonise. Wie soll ich dich empfangen est un chant de l’Avent écrit par un autre contemporain, Paul Gerhard, et mis en musique
par l’organiste Johann Crüger, tous deux installés à Berlin. Il est révélateur que ces deux sources furent également utilisés par Bach, qui « rebondit » opportunément sur une culture luthérienne déjà épaisse d’un siècle.
Les deux cantates diffèrent par leur traitement musical : l’une est entièrement traitée en ensemble de voix, l’autre ménage de la place pour des airs solistes. Du coup, la première prend une tournure de prière collective (et le texte, construit en interpellations successives, y incite), la seconde ressemble plus aux cantates à la Bach, dans lesquelles des voix individuelles semblent porter témoignage d’une situation humaine, avant que la communauté ne se rassemble dans un choral.
Tout le plaisir de l’écoute réside dans l’attention qu’on porte à la façon dont Buxtehude a modelé la musique. Dans Kommst du, Licht der Heiden, la première strophe parle du cœur, elle se balance à trois temps, doucement, seules les voix aigües interviennent. Pour la quatrième strophe, qui parle de louanges à Dieu, les voix ne sont plus aussi parallèles, elles se courent après, serrées, le chant est plus animé. Et pour la cinquième et dernière, le rythme se fait plus vif, binaire, l’allégresse prépare le Amen final.
Wie soll ich dich empfangen, avec son titre à la première personne, appelait sûrement un traitement plus intime. L’utilisation du basson y contribue, instrument à vent qui suggère le souffle humain. Et puis surtout, de la deuxième strophe à la cinquième, le chant est soliste. Musique presque identique, qui demande des nuances subtiles chez les interprètes (et que Buxtehude fait lui aussi légèrement varier, la quatrième, pour basse, par exemple, est plus statique). Cette variété intérieure est équilibrée par un trait permanent, l’avant-dernière phrase de chaque strophe est doublée pour mieux en asseoir la conclusion.
Les deux dernières strophes, elles, sont là pour rassembler : chaque fois les chanteurs réunis commencent souplement pour adopter ensuite un rythme unique qui affirme le propos.
Christian Leblé