Les concerts du mois – Janvier 2019
L’intégrale des cantates de Bach
Dimanche 6 janvier 2019 – 17h30
Cantate BWV 17 « Wer Dank opfert, der preiset mich »
(Coordination artistique Martin Robidoux)
Présentation de la cantate BWV 17
La cantate Wer Dank opfert, der preiset mich a été jouée le 22 septembre 1726 à Leipzig pour le Quatorzième dimanche après la Trinité. Elle clame l’importance de louer dieu, unique remerciement qu’il lui est possible de formuler. Semblant vouloir donner l’exemple, elle est tournée vers le ciel, très largement en majeur, émerveillée.
On y retrouve la coupe en deux parties que Bach a emprunté à son cousin Johan Ludwig Bach, avec une citation de l’Ancien Testament en ouverture de la première et une autre du Nouveau Testament, au début de la seconde.
Le chœur initial semble brandir en procession une bannière infinie sur laquelle figurerait cette citation tirée du Psaume 50 «celui qui offre l’action de grâces me rend gloire». Deux mouvements fugués se suivent, reliés par une brève transition.
La voix d’alto vient aussitôt récapituler le monde en une sorte de Genèse expresse, et que ce soit les éléments, les animaux ou les hommes, tout n’y est que louange à Dieu.
L’air de soprano vient amplifier ce récit en une sorte d’évidence : la musique est volubile, abondante dans un dialogue enjoué des violons, du chant et de la basse continue. Le texte conclut sur l’idée complémentaire énoncée dans le chœur d’introduction : à l’homme droit, à celui qui lui rend gloire, Dieu montrera le chemin du salut.
A l’époque de Bach, le pasteur avait alors place libre pour déployer son sermon. L’évangile du jour sur lequel il s’appuierait est l’épisode du Nouveau Testament rapporté par Luc (Lc, 11-19) dans lequel Jésus guérit dix lépreux venus à sa rencontre mais un seul rend gloire à Dieu pour ce miracle.
La seconde partie de la cantate s’ouvre sur une courte réminiscence de cet épisode. C’est le ténor qui est choisi pour déplorer -dans un climat musical grave- le peu de reconnaissance dont témoignèrent les personnages du récit.
C’est la voix du narrateur des Passions de Bach, l’évangéliste. Un instant, on se croirait basculer dans l’une de ces grandes fresques composées pour Pâques. Et le compositeur choisit de prolonger cette intervention en un air animé, comme pour balayer l’ingratitude. Le chant est toute évidence. C’est une danse, généreuse et révérencieuse à la fois.
La basse vient ensuite préparer la conclusion de la cantate en nouant les deux fils du propos : la louange et le salut. Ce dont l’homme loue Dieu, les dons qui lui sont octroyés sur terre, c’est un avant-goût du salut qui lui sera offert.
Avec le choral final, la musique se déploie une dernière fois en même temps qu’elle s’archaïse. C’est un cantique du XVIe siècle Nun lob, mein Seel, den Herrn (maintenant, mon âme, loue le Seigneur). Le texte se fait naïf, craintif. Il s’arrête à la porte de la vie terrestre. Comme pour mieux redire après toute cette réflexion que seule la foi permet à l’homme de franchir le seuil fatal de la mort.
Christian Leblé
La présentation complète de chaque cantate jouée dans ce cycle au temple du Foyer de l’Âme est accessible sur le site Les Cantates