La reconnaissance et la réparation
En octobre dernier, l’Église protestante unie de France a adhéré à la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR) créée pour écouter et accompagner les personnes victimes d’abus sexuels commis dans les paroisses et institutions catholiques, particulièrement lorsque l’agresseur est décédé. L’Église unie avait déjà communiqué aux églises locales un numéro vers une plate-forme indépendante pour recueillir les paroles de personnes subissant ou témoins de harcèlement, discrimination, abus de pouvoir et violence dans l’Église, pour les accompagner dans les démarches à effectuer et pour relayer les témoignages aux responsables institutionnels.
Plusieurs médias ont publié des articles au sujet d’abus sexuels dans un monde luthéro-réformé qui ne pouvait certes pas être à l’abri de cette forme de violence : toute position d’autorité peut dériver en posture de domination. En adhérant à la CRR, l’Église unie reconnaît la nécessité de proposer une autre instance que les siennes aux personnes concernées, afin que celles-ci puissent s’exprimer en confiance et revenir sur les violences et souffrances endurées et, jusqu’à présent, le plus souvent tues dans l’Église.
L’adhésion à la CRR ne suffit pas. Il faudra encore que l’Église unie réfléchisse aux cadres et aux processus à mettre en place afin que les ressorts qui ont conduit au silence, aux camouflages, aux dénis, à l’hypocrisie soient mis à jour et ainsi rendus inopérants. Il faudra faire évoluer la formation des ministres et leur poser un cadre déontologique clair. Il faudra également apprendre à écouter et à travailler aux manières d’accompagner les situations personnelles et communautaires afin que le registre émotionnel ne soit pas le seul déterminant et que les paroles et les processus de réparation soient ajustés au respect des personnes.
Dans la perspective biblique, l’intitulé même de la CRR porte en lui, étroitement lié aux notions de reconnaissance et de réparation, le motif de la justice. Non pas tant la justice pénale, qui a cependant toute sa place lorsque cela est encore possible, que la justice selon les appels des prophètes et l’Évangile du Christ : attention, respect, solidarité envers celles et ceux qui sont fragiles, démunis, éprouvés, déconsidérés, violentés. Et envers les victimes d’abus sexuel. L’Église unie ne se dérobera plus.
Dominique IMBERT-HERNANDEZ
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Pour contacter la CRR
Toute personne peut contacter, anonymement ou non, la CRR :
Via le formulaire de leur site internet
https://www.reconnaissancereparation.org/
Par téléphone
09 73 88 25 71
Du lundi au vendredi, entre 9h et 17h
Sur place
Commission Reconnaissance et Réparation
28, rue Lhomond
75005 Paris
Par mail
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