L’écriture seule

La continuité de la pause spirituelle construite autour d’un bref texte biblique, la reprise en octobre des 2 groupes bibliques du Foyer de l’Âme ainsi que les célébrations autour de la Réformation dont l’héritage vivant porte le Sola Scriptura, l’Écriture seule, orientent ce billet vers le thème de la Bible. Je dirais plus précisément les Écritures, bibliothèque rassemblant des livres de genres littéraires très divers, des croisements de cultures, la longue durée de temps de l’élaboration des livres et de leur rassemblement dans un canon et une édition, avec des traductions nouvelles ou rééditées.

Si la Réforme a affirmé Sola Scriptura, c’est d’abord comme une protestation de libération des croyants par rapport à un magistère catholique ayant confisqué la lecture et l’interprétation des livres bibliques au profit d’un pouvoir sur les hommes et les femmes. La protestation est aussi celle de la capacité, de la dignité et de la responsabilité des croyants à lire par eux-mêmes, ce qui implique également une réelle exigence pour aborder des textes aussi éloignés et même étrangers au monde de celles et ceux qui les lisent.

La relativisation des institutions ecclésiales par l’autorité des Écritures, sans toutefois que ces Écritures deviennent sacrées, témoigne de la dynamique enclenchée par la Réforme : une mise à l’écoute de chacun, à travers la lecture, de la Parole de Dieu. Cette expression traditionnelle des Églises exprime ce qui saisit et ouvre l’être humain dans et à sa vocation d’humain pour la vie vivante, une transformation au fil de l’écoute, de la lecture, du temps. De cette Parole le lecteur/auditeur reçoit une meilleure compréhension de lui-même et de l’existence, de Dieu qui se fait proche, du monde et des relations qui le constituent.

La lecture des Écritures, personnelle et communautaire, relève ainsi du miroir ou pour le dire autrement, le lecteur est lu par les Écritures qui le découvrent à lui-même comme un être complexe et précaire, traversé de tensions et de passions, aux prises avec l’aspiration à vivre et le plomb des déterminations… et en même temps comme une personne reconnue et au bénéfice des dons de Dieu. Une telle lecture déplie alors l’imagination entre dévoilements et possibles, afin que nos présences au monde ne soient pas définies par les contingences et les réactions, ni par la reproduction du même. Il y a là un lieu d’espérance !

Dominique HERNANDEZ

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