Le Premier synode de l’Eglise protestante unie de France
Editorial de Raphael Picon
Journal Evangile & Liberté (mai 2013)
Le premier synode de l’Église protestante unie de France aura lieu dans quelques jours. C’est une fête à laquelle nous tenons à nous associer. Cette nouvelle Église n’aurait jamais vu le jour sans la détermination de nombreux responsables d’Églises. Elle n’aurait pas été possible sans l’enthousiasme d’innombrables fidèles. Elle doit aussi beaucoup à la rigueur et à l’inventivité de ses théologiens qui ont su penser la possibilité d’une union confessionnelle sans uniformiser les traditions, les courants, les sensibilités qui font la richesse du luthéranisme et du monde réformé. Cette Église unie est, en soi, une affirmation, un défi, une confession de foi. Une « Église unie » affirme et reconnaît l’existence d’une diversité de convictions et de sensibilités, tout en les inscrivant dans un cadre commun et cohérent. Les différences ne sont pas ici juxtaposées mais sont appelées à servir une conversation où chacun devrait pouvoir exister pour autrui et où chacun pourrait être transformé par l’autre. Une « Église unie » s’impose le défi exigeant et permanent d’organiser cette pluralité, d’empêcher que la voix majoritaire ne disqualifie la moins populaire, de lutter contre cet esprit d’orthodoxie toujours prompt à vouloir imposer sa vérité. Une « Église unie » est une confession de foi. Celle d’un Dieu qui, précisément, nous unit, nous relie et nous inclut, en nous permettant de voir toujours plus haut, plus loin, en nous délivrant de nos enfermements, en nous appelant à lutter pour un monde plus harmonieux. Le Dieu que le Christ incarne, ce Dieu que l’on dit aux multiples demeures, que nul ne peut enclore et s’approprier, unit l’Église pour qu’elle puisse dire au monde l’Évangile qui ne cesse de la susciter et de la réformer : l’Évangile de la grâce au plus près de l’effroi, de la promesse pendant la nuit du doute, de la jovialité au cœur de la tourmente.